Enigme et secrets

"Mais quel est ce but, Relyss ? Tu crois que tu vas trouver des réponses dans la maison où j'ai grandis ? Pourquoi ne me demandes-tu pas tout simplement ce que tu veux savoir ?"

dit-il d'une voix douce, sans un sourire.

Ce qui était mauvais signe.

" Parce que je ne te fais pas confiance, Linéar... " répondit elle en plantant son regard d'émeraude dans le sien.

"Je t'ai donné des raisons récemment de te défier de moi ?"

répliqua-t-il, contemplant ses yeux.

" Tes raisons, tu me les a donné dès la première fois que je t'ai vu... Ca ne changera pas de si tôt... " dit elle d'un ton plein de rancoeur.

Sentant sa rancune, Linéar répliqua sourdement :

" Pourrais-je savoir au moins quand ? Et en quel lieu...."

Il envoya une première vague psychique vers l'esprit de Relyss, menaçante et impétueuse...

Relyss contra cette première attaque et répliqua durement :

" Ne fais pas comme si tu ne savais rien. Tu sais très bien qui je suis, d'où je viens... Et tu sais très bien de quoi je parle ! "

"J'ai la mémoire courte..."

lança Linéar d'une voix aussi vive que dure...

"Revoyons tout ça tous les deux, si tu le veux bien !"

Et il lança soudain une attaque psychique d'une violence inouïe, il trancha net l'esprit de la jeune fille pour s'y infiltrer allégrement, sans ménagement, faisant tomber les barrières qui la séparaient d'elle...

Il rembobina le fil de ses souvenirs rapidement, quitte à le rompre...

Il ne jouait plus...

Relyss se sentait éprouvée par cette attaque si violente à laquelle elle ne s'attendait pas. Elle reprit néanmoins rapidement ses esprits mais n'avait pas la force de se redresser ni de le repousser loin d'elle.

Elle tourna alors les yeux vers lui. Pour la première fois, ils avaient perdu cet air impassible et froid. Son regard était dur, rempli de fureur ...

" Tu es satisfait ? Tu as eu la réponse à ta question ? "

Elle tenta un geste pour se relever mais la tête lui tournait, encore douloureuse de cette attaque et du retour de ce souvenir.

Linéar eut un rire intérieur plutôt jaune en constatant l'affrreuse migraine qui lui prenait la tête....

Mais ce rire résonna lugubrement en lui, comme glacé...

Oui, il avait froid... à l'intérieur...

Mais il ne savait pas si c'était un froid coutumier dans son être déserté par la compasssion, et qu'il ne s'en rendait compte seulement que maintenant...

Il entendit la voix de Relyss... Il se redressa alors légèrement pour tourner son visage vers elle, et accesoirement l'écraser un peu moins... Ses yeux gardaient quelque chose d'hébété, et une douce lueur... C'est sa voix alors qui fit passer son émotion véritable, celle d'une colère frustrée :

"Comment ai-je pu te rater ?! Tu empestais l'effroi et l'épouvante à plein nez..."

" Ne te fais pas de fausse joie, ce n'est plus le cas aujourd'hui... " répliqua t elle avec hargne.

Sa respiration était encore saccadée, sa poitrine se soulevant rapidement au gré de ses inspirations. Elle tentait de reprendre peu à peu son souffle en même temps que sa maîtrise de soi.

"Tant mieux... Je préfère ça..."

soupira-t-il en scrutant ses yeux, presque rassuré d'y trouver une telle différence avec le regard de son souvenir... et surtout la sensation qui l'avait pris quand il était resté bloqué dans son esprit...

Il était toujours penché sur elle, ses mèches argentées caressait le front de la jeune fille...

Il la sentait énervée, il l'était aussi...

Il s'affaissa doucement sur elle, sa tête passant dans le creux de son cou... Ses lèvres sur sa peau, entrouverte pour respirer calmement... Il remonta doucement la tête, de sorte que sa bouche était au niveau de son oreille, dystillant un souffle chaud sur elle, à mesure qu'il respirait...

Toujours sous l'emprise de la colère, Relyss eut envie de le repousser brusquement. Mais au lieu de cela, elle tourna légèrement la tête en effleurant doucement ses lèvres du bout des siennes au passage. Son souffle redevenait régulier et caressait doucement sa joue.

" Tu ne t'en sortiras pas comme ça " murmura t elle dans un souffle.

Linéar ricana sourdement et planta ses yeux dans les siens, brillant de sournoiserie, comme avant...

Son visage était encore légèrement pâle... Et malgré tout, il semblait moins venineux...

Il lui sourit...

"J'aurais voulu te dire que je suis désolé... Mais je ne le suis pas... Mais c'est déjà très étrange..."

dit-il en frôlant sa joue de ses lèvres...

"... que je l'aie voulu..."

" Et tu ne m'auras pas non plus aussi facilement " dit elle d'un air mauvais en le repoussant d'un coup sec.

Elle se releva un peu trop brusquement, vacilla un peu et dut se rattraper à une table pour ne pas retomber. Sa tête la faisait encore souffrir.

Linéar se releva derrière elle, et comme il voyait l'état chancellant où elle se trouvait, il attrapa son bras, celui avec lequel elle se soutenait pour l'attirer vers lui...

Lui-même fit attention à ne pas retomber... ( )

"A ma façon..."

siffla-t-il avec un sourire narquois.

"A ma façon, je crois bien... que je te déteste... Je te déteste vraiment..."

Sa voix était parée de velours...

" Allez, résouds cette énigme ! Et quand Alasdair verra une Nerden débarquer dans sa superbe demeure, il te fera décapiter..."

Il la lâcha alors...

" Grand bien me fasse, je serai tout de même débarassée de toi ... " répondit elle avec dans la voix un reste de colère et de hargne.

Elle était prête à partir mais se ravisa. Elle n'allait tout de même pas lui offrir ce plaisir.

Il la détestait ? Soit. Il aurait à supporter sa présence...

Et elle prenait conscience qu'elle allait devoir passer la vitesse supérieure...

Voyant qu'elle restait, Linéar cacha... le léger ravissement qu'il en ressentait...

"Bon, je t'offre un verre pour me faire pardonner mon intrusion mentale ?"

demanda-t-il d'un ton badin en rejoignant son comptoir, comme si rien d'important ne s'était passé.

" Il faudra bien plus d'un verre pour ça ... "

* Il me faudra ta peau *

Bien sûr, elle garda cette petite pensée pour elle et s'assit tranquillement au bar.

"A combien de verres estimes-tu la préservation de ta vie privée ?"

demanda Linéar tandis qu'il lui remplissait un verre...

" Mes souvenirs ne se monnaient pas à coup de gnole... " répliqua t elle.

Elle avait retrouvé sa froideur et son sang-froid. Mais elle sentait que son esprit était encore fragile.

D'un geste brusque, il avait saisi son poignet :

"Je te sens encore fébrile, tu veux peut-être un cachet avec ?"

demanda-t-il doucement.