Nan can an corr

Relyss le toisa une seconde avant de répondre :

" Pas le moins du monde... "

Elle lissa un peu ses cheveux, prenant un air dégagé :

" Mais chaque chose en son temps... Si on ne pose pas une à une les pierres d'un édifice, il finira par s'écrouler... "

Linéar ricana sourdement :

"Nous avons tout le temps devant nous, que tu disais..."

"Et aussi... nous serons deux..."

Il se pencha légèrement sur elle, la saisissant par le menton pour hisser son visage vers le sien :

"... à tomber..."

Il vit sa contrariété, et se rassit à ses côtés avec un petit sourire malin...

"Alors, comment comptes-tu t'y prendre... Dis-le moi, je pourrais peut-être t'aider..."

s'enquit-il d'une voix douce...

Elle reporta son regard sur lui :

" Mais si tu sais tout, il n'y aura plus de surprise... Tout mon plaisir s'en trouvera fané... "

Une étrange lueur brillait dans ses yeux, une lueur inhabituelle pour elle...

Une lueur de sadisme peut-être...

Linéar prit un air sérieux...

Il scrutait son regard...

"J'aimerais surtout t'éviter... de devenir comme moi..."

dit-il, concentré sur la lueur de ses yeux...

Elle eut un sourire en coin.

" Tu n'aimes pas la concurence ? " fit elle, l'air narquois.

Il prit un air profondément condescendant, sans se départir d'un sourire railleur...

Il prit le visage de Relyss entre ses mains afin de se mirer dans ses yeux :

"Je ne pense pas pouvoir m'aimer..."

Relyss fronça les sourcils et l'observa, légèrement perplexe.

" Mais penses-tu pouvoir aimer quelqu'un sincèrement ? " demanda t elle d'une voix grave.

"Sincérement ? Qu'est-ce qu'aimer sincérement quelqu'un ?"

demanda-t-il en la lâchant mais en ne détachant son regard d'elle :

"Faire passer le bonheur de cette personne avant le sien ? Serait-ce donc un concours ? Ou alors un moyen de s'attacher cette personne, de lui faire un chantage affectif : "regarde tout ce que j'ai fais pour toi..." "

"Nous sommes entourés d'hypocrites qui n'aiment que parce qu'ils sont aimés en retour, ou parce qu'ils veulent l'être... Qu'importe la personne au final, pourvu qu'elle soit gentille, charmante, qu'elle ait de l'humour... -je parle des critères généraux qui sont réclamés par le commun des hommes et des femmes...- Ils l'aimeront, ils croiront que c'est le destin, que c'est beau... Mais ce sera plus un besoin viscéral qu'une envie pure et désintéressée..."

"Alors, est-ce que je suis capable d'aimer ? Je n'en sais rien... Je ne me pose pas de questions... Je ne veux rien attendre de toi, Relyss..."

Il prit l'air songeur...

"Je suis cruel, mais pas stupide... Je n'ai pas la prétention de croire que je mérite autre chose que la haine de la femme... que j'aime..."

murmura-t-il avec un sourire en coin...

Relyss le fixait dans les yeux sans ciller. Elle resta silencieuse un instant...

" Est-ce un aveu ? " finit elle par lacher dans un souffle.

Il ferma les yeux et se leva :

"Fais-en ce que tu veux..."

murmura-t-il, légèrement taciturne...

Il lui jeta un dernier regard et s'éloigna vers son buffet pour remplir deux verres...

Relyss le suivit du regard.

" Cela te rend t- il si indifférent ? Tu sais très bien quelles sont mes intentions, et tu me donnes quartier libre... "

Elle se leva pour le rejoindre.

" Tu te fiches de ce que je peux faire de toi... "

Il se tourna vers elle :

" Je ne tremble pas pour moi-même... Je sais qu'on ne reçoit que ce que l'on mérite... Dans le bien, ou dans le mal..."

"C'est un "ou" exclusif... J'ai choisi le mal... Mais toi..."

"Malgré tous les efforts que tu fais pour me comprendre, tu ne feras jamais partie de mon univers... Je n'essayerais même pas de te manipuler pour te corrompre... Et j'espère en revanche que tu sauras te sortir toute seule dans la merde où t'es mise..."

"Car dans le cas contraire, je n'aurais pas pu t'..."

Il marqua un arrêt, puis reprit...

" Alors, oui, je me fiche de ce que tu peux faire de moi... Je te l'ai déjà dis : ce sera quand tu voudras, comme tu voudras... Je t'en donnerais les clés s'il le faut... Sans le savoir, tu t'es déjà bien vengée..."

acheva-t-il sur un ton d'une douceur pourtant rude.

" J'ai l'impression que tu te soumets à la fatalité... sans vraiment chercher à te défendre de ton bourreau... " dit elle tout bas en le scrutant.

" Mais je me demande si tu ne me compliques pas la tache plus que tu ne me la facilites... "

Linéar prit l'un des verres et tendit l'autre à Relyss :

"Alors... On éprouve des scrupules, Relyss ?"

Il avait un sourire arrogant :

"Ma passivité serait-elle ma défense, serait-elle un piège ?"

" Disons que, si tu te couches docilement alors que je n'ai encore rien fait et que tu finis toi-même le boulot... je n'ai plus qu'à faire mes valises et retourner à Alba... " répondit elle en saisissant le verre.

" Je vais devoir monter d'un cran si je ne veux pas me faire doubler... Car je tiens à le faire moi-même... "

"Je ne suis pas assez généreux pour te laisser ce plaisir sans doute..."

dit-il, insondable.

Il leva son verre :

"Allez, trinquons, à celui qui sera le plus tordu..."

"Je ne te ferais pas de cadeau, mon ange..."

dit-il d'un ton doucereux, presque ironique.

Relyss sourit et fit tinter son verre contre celui de Linéar.

" Moi non plus... mo chridhe... " murmura t elle en continuant à le fixer dans les yeux.

Linéar posa alors son verre avant de dire :

" Tu as fait sensation la dernière fois à Eilean Dubh..."

" Pourquoi ? Parce que j'ai lamentablement échoué mon épreuve ? Ou bien parce que ton père aurait voulu me mettre dans son lit ? " fit Relyss en prenant un air dégagé.

"Parce qu'ils veulent t'inviter au prochain repas de famille... Va savoir pour quoi... J'ai refusé par avance, bien sur..."

dit-il sur un ton anodin...

Relyss posa doucement son verre encore plein.

" Et je peux savoir pourquoi ? "