La Triste Ophélie...

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§*§

9 ans auparavant...

Andrea Normon déambulait dans les larges portiques de sa demeure.

Elle était folle furieuse : sa fille, sa précieuse Alexandra, allait être sacrifier pour acquérir l'héritage familial.

"Pourquoi elle ? Je sais que le pouvoir revient à l'aînée de la famille, mais voux croyez vraiment que je vais souffrir de voir ma fille anéantie, réduite à une folie assassine ?! Il n'en est pas question !"

*Je ne la laisserais pas se perdre ainsi !*

Des larmes de rage coulaient de ses yeux.

Et puis elle se souvint : elle avait un petit garçon.

"Linéar..."

souffla-t-elle avec mépris.

*Ce gamin me tape sur le système... Je n'aurais qu'à faire croire que je n'ai jamais eu de fille, je les substituerais... Après tout, un garçon, c'est beaucoup mieux ?! Non ? Il portera le nom des Normon, lui au moins !*

Alors elle se rendit sans attendre à la chambre de son fils, là où le jeune Linéar ne manquerait pas d'être.

Effectivement, il était là, le brave garçon. A genoux au milieu de la pièce, une aiguille à la main, en train de coudre une poupée.

"Bonjour mère..."

dit-il d'une voix douce comme un souffle de vent.

Andrea le regarda d'un oeil revêche :

"Toujours à t'amuser à composer des poupées ? Mais est-ce une activité pour un garçon ?! Tu ne devrais pas t'amuser dehors par le beau temps qu'il fait ?"

Linéar fit un signe de dénégation :

"Non, mère, je prépare un cadeau pour Ophélie..."

"Ton amie imaginaire ?"

"Non, elle existe ! Mais elle ne se montre pas devant vous..."

Andrea eut un ricanement mauvais et elle sortit sans rien dire : ce garçon n'arrivait pas à la cheville d'Alexandra.

Quand la femme fut sortie, Magda sortit de l'armoire de Linéar :

"Qui est Ophélie ?"

Linéar rougit et n'osa pas regarder la petite fille :

"Bah, tu le sauras un jour... Mais pour l'instant, c'est mon petit secret..."

Il rougissait encore.

Magda, froide et sérieuse, fronça les sourcils :

"Méfie-toi, Linéar, méfie-toi de ta mère : je connais trop le regard qu'elle arbore, c'est celui des mères infanticides..."

Linéar redressa la tête, surpris :

"Que racontes-tu donc ? Tu es trop méfiante, Magda..."

Magda n'ajouta rien et sortit de la chambre : elle devait rentrer chez elle, elle avait déjà trop tardé. Auron se poserait des questions.

Mais tandis que la petite fille traversait le jardin, Andrea, du haut d'un balcon, l'aperçut.

Les yeus d'Andrea s'écarquillèrent : elle reconnaissait ces cheveux, cet air glacial...

"La fille de la Folle Au Fae..."

Elle comprit alors que son fils la trahissait dans son dos pour lier une amitié avec l'immonde batarde qu'elle haïssait.

Mais une autre idée germa dans sa tête :

*Elle... A sa façon, c'est une fille aînée... La première et dernier enfant d'un couple que j'exécre...*

Alors pourquoi sacrifier Linéar qui restait quand même un morceau d'elle ?

Ophélie était là pour ça...

§*§

Magda était à genoux par terre, dans la cave du magazin de Dan'Mark, la tête reposée sur les jambes de la poupée qui représentait sa mère.

Elle soupira, et se décida enfin à se lever pour rejoindre Linéar qui devait attendre à l'étage.

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Mais Linéar dormait à poings fermés, sur sa chaise, appuyée sur le mur, dans un équilibre précaire.

Son visage ne reflétait que la sérénité, comme à son habitude lorsqu'il dormait...

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*Faut-il qu'il soit inconscient...*

soupira Magda.

*... pour dormir ainsi, la gorge offerte à la première colère venue... Ce serait trop facile de le tuer parfois...*

*Me fait-il à ce point confiance ?*

*Ou au contraire me méprise-t-il de telle sorte qu'il me croit incapable de lui faire quoi que ce soit ?*

Elle le regardait dormir dans son calme haïssable :

*Pourquoi faut-il qu'il dorme d'un sommeil si paisible alors que moi je passe mon temps à me battre cauchemar sur cauchemar ?! C'est trop injuste ! Le malheur des autres le rend-il heureux ? Rien ne le touche, les sentiments glissent sur lui. Parfois ils l'imprègnent le temps d'une seconde, mais c'est une vraie éponge, il suffit de le presser et il se retrouve sec...*

Elle posa un doigt sur le front de Linéar, un doigt accusateur :

"Où est-il passé ce frère qui jadis serait mort pour moi ?! Qu'en as-tu fait ? Où l'as-tu emmené ? Pourquoi as-tu privé la triste Ophélie de son grand frère ? J'avais besoin de toi, mais tu m'as tournée le dos ! Je sais que je t'ai trahi la première, que tout est de ma faute, mais j'ai paniqué ! Dieu ! Ne pourrais-je pas au moins toucher ta pitié ?"

"J'aurais pu être ton double, j'aurais pu devenir pire que toi ! Et Alexandra ne vaut pas mieux que nous... Mais moi, au moins, seul parmi nous trois, j'ai su me remettre en question... Crois-tu que ce fut facile, grand frère, de balayer en un revers de pensée tout ce qui fondait ma vie, ma façon de vivre, d'appréhender le monde... ?"

"Mais j'ai dû le faire, j'ai dû le faire pour Gwendolyn, et pour Vornus..."

"Et j'aimerais que tu le fasses pour moi !"

Elle s'éloigna de lui, les lèvres encore tremblantes de colère, et elle sortit du magazin en prenant soin de le claver derrière elle.

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Et dans son sommeil...

Le visage de Linéar se contracta... Un air de tristesse et de colère se fondit peu à peu sur ses traits.

Il ne dormirait pas bien cette nuit-là...

Il cauchemarderait.

Enfin... Tout se paye...

La voix d'Ophélie résonna dans sa tête, emmergeant d'un rêve sordide :

*Tu ne torturas pas ta petite soeur bien longtemps sans en subir les conséquences...*

Et Linéar cauchemarda...

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[sujet clos]

» Une bien triste nouvelle ....