My Dear Diary...

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Relyss avait profité d'un week-end pas trop chargé pour aller rendre visite à ses cousines et à son oncle. Elle s'était également rendue à la maison de repos d'Alba pour aller voir sa tante, de plus en plus en décrépitude.

Enfin, elle avait cloturé sa journée en passant à la famille d'acceuil où avait été placé le bébé de Caitlin, cette dernière se languissant d'avoir de ses nouvelles.

Fourbue, elle avait quitté la table assez tôt pour se retirer dans sa chambre. Elle avait besoin d'un peu de tranquillité. Voir le petit de sa cousine lui avait aussi rappellé sa propre situation dont elle ne leur avait toujours pas fait part.

Malgré sa fatigue, elle n'éprouvait pas l'envie de se coucher tout de suite. Elle resta un moment à rêvasser sur son lit, laissant ses pensées vagabonder et errer... Jusqu'à ce qu'elle se redresse subitement. Ses yeux se posèrent sur la commode en bois de rose. Elle se leva alors et s'assit en tailleur, commençant à ouvrir un à un les tiroirs. Il y avait un long moment qu'ils n'avaient pas été ouvert et renfermaient d'anciennes reliques de son enfance. Tous ses vieux habits qu'elle ne portait plus depuis longtemps... Elle en déplia certains, cela lui arrachant un petit sourire nostalgique. Il y avait aussi un petit coffret à bijoux, quelques vieux ouvrages... Et au milieu de tout ça, un petit livre à la couverture noire attira particulièrement son attention.

Elle le saisit et observa les initiales RN dessinées en dorée. Elle fit doucement défiler les pages qui semblaient toutes être remplies d'une petite écriture qui s'affermissait au fil des pages. Elle nota machinalement la dernière date qui était inscrite, avant de revenir au tout début du journal. Les toutes premières lignes lui étreignirent fortement le coeur :

« Il y a des moments où la perdition semble nous gagner… Comme si l’on essayait de nous couler mais en nous laissant assez d’oxygène pour que l’asphyxie soit longue et douloureuse. Et cependant, on essaye quand même de survivre, parce qu’on tient à cette chienne de vie…

Je m’appelle Relyss, j’ai 10 ans, et j’ai décidé de briser la vie de celui qui a brisé la mienne… »

Sans aller plus avant dans sa lecture, elle referma le journal et le serra contre elle. Elle venait de retrouver l'un des vestiges de sa vie passée...

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Alors un petit bruit de frottement se fit attendre... Lewellyn était sur le lit, à genoux, un peu relevée, ses yeux fixés sur sa grande soeur...

"Tu as trouvé quelque chose d'intéressant ? Mór piuthar ?"

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Relyss sursauta, surprise dans ses pensées.

Elle se tourna vers sa soeur et lui adressa un léger sourire :

" De vieux souvenirs... que j'avais bien enfouis... " répondit elle.

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"De vieux souvenirs..."

répéta Lewellyn d'un air rêveur... Son regard devint fuyant, elle scrutait la chambre en biais...

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Relyss se leva et posa le carnet dans le coin de la commode.

Elle vint s'assoir près de sa soeur et la prit doucement dans ses bras.

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Lewellyn se pelotonna contre Relyss :

"Tu ne veux pas m'en lire une partie ?"

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" Ce n'est pas très distrayant, tu sais... " répondit elle en lui caressant doucement les cheveux.

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"Je pense qu'au contraire cela devrait être très intéressant..."

mumura-t-elle, sombre.

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Relyss eut un soupir lourd et prit sa soeur par les épaules pour la fixer dans les yeux :

" Pourquoi veux-tu continuer à remuer le couteau dans la plaie ? " demanda t elle avec un soupçon de reproche.

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Lewellyn garda un regard fixe, sans réaction, puis elle finit par dire, la voix lente :

"Parce qu'il y ait toujours, mor piuthar..."

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Relyss la fixait, le regard douloureux :

" Si tu acceptais seulement de me laisser soigner cette plaie... "

" Et en même temps je ne peux te blamer de nourrir... de tels sentiments... " dit elle d'une voix hachée.

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"Ce n'est pas évident..."

dit doucement Lewellyn...

"De faire taire... la haine..."

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" Oui, je le sais bien... " répondit elle dans un murmure.

L'une de ses mains remonta sur sa joue qu'elle caressa doucement.

" Je garde pourtant l'espoir fou que tu y parviennes un jour... "

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"Tu as trouvé une compensation dans cette relation..."

dit Lewellyn, tout bas.

"Tu rebâtis une famille avec lui, mais moi ?"

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Relyss retint à peine un soupir :

" Tu sais très bien que je suis prête à t'ouvrir les bras pour te faire une place dans ce cocon... Tu es ma petite soeur mais je te considère presque comme ma fille... J'aimerai sacrifier une partie de mon bonheur pour t'en rendre un peu... "

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"... Et lui, que penses-t-il de moi ? Il me traitera avec condescendance, comme il supporterait un chien..."

ajouta Lewellyn, les yeux plus sombres que jamais.

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" J'avoue que je ne sais trop... il y a de fortes chances oui... " admit elle.

Mais elle ne voulait pas abandonner et se laisser abattre ; elle ne voulait pas choisir :

" Mais je m'assurerai que l'effort ne vienne pas de toi uniquement... Je lui parlerai... "

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"Je serais curieuse de voir s'il serait capable de le faire pour toi..."

dit Lewellyn tout bas.

"Comment sais-tu que ses sentiments sont sincères, et s'il jouait avec toi ?"

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" Je pense avoir eu assez de preuves qui me montraient son attachement... " répondit elle après un petit silence, comme si elle avait été un instant ébranlée par les paroles de sa soeur.

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Lewellyn y voyant une possible issue continua :

"Mais il est fourbe et manipulateur, et bon comédien de surcroit..."

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Relyss la fixait dans les yeux, l'air perplexe :

" Non... " souffla t elle en secouant doucement la tête.

" S'il ne tenait pas tant à moi... tu serais sans doute déjà morte... "

Ce n'est qu'après les avoir prononcés, qu'elle se rendit compte de la stupidité de ses paroles.

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Lewellyn laissa planer un silence volontaire :

"Et cela suffit pour te convaincre ? Si j'ai vrai, ceci doit bien l'arranger..."

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Relyss secoua la tête doucement et lacha sa soeur. Elle se leva et se dirigea vers la fenêtre, écartant le lourd rideau sombre pour voir dehors :

" N'essaye pas d'ébranler ma conviction, Lewellyn... Il m'aime, je le sais, ça ne se discute pas... "

Son regard balaya les jardins et un flot de souvenirs lui revint en mémoire. Des souvenirs douloureux, ce dur retour dans la réalité après que l'illusion d'Ikaros se soit éffacé autour d'eux.

C'était ce jour-là qu'elle avait fait face à ses propres sentiments, et qu'elle avait fini par les accepter...

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Lewellyn se tut une fois encore, la partie serait bien plus hardue que prévue...

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Relyss se retourna vers sa soeur et lui tendit ses bras :

" Oublions ça pour l'instant... " murmura t elle.